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Dos
Angustia
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Rapport

An­gus­tia

Jeudi, 23. Mai 2024

Dans le cadre de l'exposition "À Fleur de Peau", Claudine Oggier met en scène la danseuse Anne-Marie Bangoura pour une performance poétique sur la musique improvisée de Karine et Yannick Barman, accompagnés d' Eddy Savioz.

Ils disent, victime, autiste, borderline, inadapté, moi je tente d'être moi de m'inventer une deuxième peau pour rendre tout cela supportable .

Je viens d’une histoire d’un soir. Ils ne m’avaient pas prévu. Je suis simplement issu d’une opportunité, ou d’une inopportunité, c’est égal. De l’alcool, une ambiance festive, un désir… et moi ! 

Je n'étais pas au bon endroit, au bon moment, des parents trop occupés, trop confiants. Il m'a séduite, prise sous son aile faussement protectrice. En échange, il m'emmenait dans ses tournées et trouvait toujours un moment pour me montrer son sexe, me le faire manipuler, abuser de moi, déformant mon esprit et ma compréhension, j'avais 9 ans. Je lui faisais confiance, jusqu'à ce que j'apprenne par une amie mieux informée que moi, (en Valais, les maths modernes sont arrivées bien avant l'éducation sexuelle), à l’apparition de mes règles, non seulement que j'allais devenir femme, mais que cet homme allait pouvoir me faire un enfant : l'horreur ! ...et la perte de confiance totale en tous les adultes.

J’adore me mouvoir en dansant, mais je leur fais peur, lorsque pour me rassurer, je prends la mesure de leur hauteur en faisant passer ma jambe au-dessus de leur tête. Je ne sais pas pourquoi, mais ils ont l’air effrayés. De moins en moins de personnes m’approchent, et cela augmente mes gestes intempestifs.  J’essaie en vain de leur faire comprendre ma vie, mon espace et si je suis perdu, je dois tout arpenter, voitures, gens, obstacles... ; c’est inné chez moi, en dansant. 

Un pervers, c'est quelqu'un qui n’hésite pas à transgresser et utiliser l'autre à ses propres fins. En être victime, c’est être agressée, violentée,  appropriée pour satisfaire les pulsions de l’autre en étant annulée sexuellement et psychologiquement. Problème dramatique pour la victime : la crainte irrépressible  de le devenir soi-même. Par une sorte de contamination, tous les repères sont perdus, déplacés.  Ne pas se morceler, se désintégrer chaque jour.

S’ils pouvaient me guider, me prendre la main et m’emmener sur des chemins où je pourrais librement me laisser aller, apprendre à mieux contrôler mon corps, il existe peut-être ce pont ? 
 Tout n’est pas comparable, le seul point commun entre ces deux histoires est la présence de l’espèce humaine. Comment rester humain ?

Peut-être, dans la délégation du faire existe-t-il une issue ? Ainsi, en choisissant des êtres qui ont des talents que je n'ai pas, il serait possible de représenter du :  "à mes propres fins" qui soit partagé en confiance, comme un  cadeau poétique inestimable. 

Comment inventer une esthétique pour panser, repenser, les blessures d’esprits ravagés, les partager d’un autre point de vue. Karine et Yannick Barman,  Anne Marie Bangoura,  Eddy Savioz

Lorsque la peau s’avère trop sensible dans l’immobilisme imposé par les conventions, sentir cet espace interstitiel entre le réel et l’ombre que nous sommes. Faire affleurer la sensation de corps exposé, faire naître, de la nymphe, l’être, jusqu’à la dernière seconde de notre dernier souffle, un mouvement passager et immanent.

  Link zur Website: www.contrecontre.com

Informations sur l'événement

Obight !

Toutes les informations actuelles et supplémentaires sur l'événement peuvent être trouvées sur le site web de l'organisateur. Les changements soudains seront uniquement affichés sur le site web de l'organisateur.